Ainsi va la vie

Sara empile les parpaings, puisque tout ce qui est écrit est vrai. Elle ne construit rien, et même, elle prend un soin particulier à ne pas élaborer de plan. Derrière elle, on peut distinguer, si ça nous plaît, la vague forme que prennent quelques centaines de parpaings réunis. Mais cette forme est née d’elle-même. Sara n’a jamais pris la peine de la regarder, elle l’ignore avec une superbe que nous ne lui connaissions pas.

Sara prend parfois des notes, puisque tout ce qui est écrit est vrai. Elle ne les partage jamais, toutefois. Elle préfère les fourrer au fond de sa poche, et quand sa poche en est pleine, elle les brûle. C’est commode, et ça ne laisse pas de trace, ou si peu.

Personne ne vient jamais par là. Et quand il passe du monde, ils s’empêtrent dans les parpaings, se blessent, râlent, et s’en retournent mécontents. Certains, rarement, offrent leur coeur à Sara, et malheureusement, plein d’autres choses. Sara note tous ces bons sentiments, pour ne pas les oublier.

Celui qui lui a écrit, le seul, lui a promis de la délivrer de ses parpaings. Elle n’a pas compris, mais il est vrai qu’elle n’y a pas réfléchi. Il lui a proposé de l’emmener vivre à la campagne, dans une grande maison ensoleillée. Puisque tout ce qui est écrit est vrai, Sara a fourré cette lettre au fond de sa poche avec ses notes, et à la fin de la semaine, elle a tout brûlé.

Sara est maintenant très vieille. Puisque tout ce qui est écrit est vrai, elle ne se soucie de rien, elle empile ses parpaings et ainsi va la vie.

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