Des amis autour de la piscine. Maillots de bain. Musique. Margueritas.
JASMIN: Je vais pisser.
Un peu éméché, Jasmin monte les cinq marches du balcon, pousse la porte-fenêtre, titube jusqu’aux toilettes. Appuyé sur le mur, il baisse son maillot, qui tombe à ses chevilles. Il ferme les yeux.
Ça coule, longtemps. Jasmin a bu tout l’après-midi. Sensation de libération. Peu à peu, sa vessie reprend des proportions normales, moins douloureuses. Ça coule et ça coule, tellement que Jasmin manque de s’endormir, appuyé au mur.
Puis ça y est. Quelques gouttes, voilà. Remonter le maillot, aller rejoindre les amis. Mais. Évidemment, il en restait encore un peu. Rasant.
Demi-tour, Jasmin s’installe au-dessus de la cuvette. Et ça coule encore. Comme s’il ne l’avait pas fait une première fois. Ça n’en finit plus, il sent que ça va durer.
S’appuie à nouveau sur le mur, échappe son maillot qui tombe à ses chevilles.
Jasmin somnole, bercé par le bruit du flot ininterrompu. Impression de s’affaiblir, immobile devant la cuvette.
À l’extérieur, les amis l’appellent. Jasmin! Jasmin! C’est que ça fait déjà une bonne demi-heure qu’il est parti. On vient même frapper à la porte, mais on n’insiste pas. Il y a une autre toilette à l’étage.
Ça coule, et ça coule encore. Les yeux fermés depuis de longues minutes, souffle régulier, tout porte à croire que Jasmin s’est vraiment endormi. Comment est-ce possible? Dormir debout et uriner en même temps?
Quelqu’un derrière la porte demande si tout va bien. Jasmin grogne, et de l’autre côté, on se satisfait de cette réponse. Une petite voix dit qu’il est sans doute malade, qu’il vaut mieux le laisser.
Le soleil se couche, quelques-uns des amis se rhabillent, rentrent chez eux. D’autres aident à ranger, à nettoyer.
On semble avoir oublié Jasmin. Personne ne vient lui demander si ça va. On peut l’entendre uriner.
Appuyé au mur, Jasmin ronfle. Voilà quelques heures qu’il est là, à laisser ce flot continu quitter son corps.
Vers minuit, tout le monde est parti. Sean et Hugues, les hôtes, s’apprêtent à se coucher. Dernière vérification à la porte des toilettes. Trois petits coups. Jasmin? Pas de réponse. Sean colle son oreille contre la porte. Silence. Ça ne coule plus.
Inquiets, Sean et Hugues ouvrent la porte avec un tournevis.
Cri d’horreur.
Appuyé sur le mur, un squelette à peine humide, un maillot à ses chevilles.
Comment est-ce possible? Comment peut-on uriner au point de se vider de tout?