Les discours

Le maire doit livrer son discours à quinze heures, comme tous les jours.

Tous les jours.

Comme il déteste se répéter, ce que ne manqueraient pas de lui reprocher ses opposants, les journalistes et les petits enfants, il innove, chaque jour.

Pour s’inspirer, il ouvre le dictionnaire, pose son doigt au hasard sur un mot, et écrit la première phrase de son discours à partir de ce mot.

Aujourd’hui, c’est “décibel”.

Facile. Le maire a soulevé le problème des Harley Davidson, si bruyantes que sept septuagénaires et huit octogénaires ont déposé des plaintes dans la dernière année. Il a exposé la question de long en large, abordé la nature même de la mécanique en cause, relevé des questions de droit, de liberté, de nuisance, et dans un tour qui lui est propre, a donné raison à tout le monde en promettant la formation d’un comité de travail sur la question dès le prochain trimestre, selon, bien entendu, les priorités d’alors. 

Comme le maire a fait remarquer à son secrétaire, en aparté, plusieurs des plaintifs seront, d’ici là, décédés, séniles ou simplement fatigués. On ne parlera probablement pas de ce point avant l’an prochain, et alors nous trouverons une autre façon d’aborder la chose. En l’ignorant, par exemple. Son discours terminé, le maire a salué, avant de se retirer dans son grand bureau où l’attendait, impatient, le chef de la raffinerie, son patron.

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