André s’est entraîné toute l’année, huit heures par jour. Vélo le matin, musculation l’après-midi, vélo à nouveau. Sept jours par semaine. Pas de cinéma, pas de resto, pas d’alcool, pas de croquettes de poulet.
Ni de glace au chocolat.
Ni de jujubes.
Entraînement sérieux, intensif, compulsif, corrosif.
André est prêt pour la course.
Allez! Allez!
Contrairement à l’année dernière, il n’a pas eu de crevaison. Ni de bris mécanique. Ni de crampe intempestive. Ni de diarrhée préalable. Ni de divorce la veille.
Allez! Allez!
Le voilà parti. Il file, il prend la tête, il les devance tous.
Tous.
Fil d’arrivée, voilà André, seul, rapide, flamboyant.
Cinq spectateurs applaudissent poliment. Ils ne connaissent pas André. Personne au Club du Village Mornier ne connaît André. Ça se comprend, il n’y a emménagé que dix ans auparavant.
André rentre chez lui, sa médaille de bois peint couleur or au cou, fier. Il s’ouvre une bière, mais la jette aussitôt dans l’évier.
Faut maintenant s’entraîner pour l’an prochain, quand il faudra défendre son titre.