Papa tient un café où se réunissent tous les truands du quartier, tous très armés et très chics et très polis. Maman écrit des poèmes, et parfois, elle m’aide à faire mes devoirs.
Le café de papa n’est pas très bon, les poèmes de maman ne riment pas.
Devant tant de médiocrité, que peut-on espérer de moi? J’aimerais vendre du bon café aux bons poètes, mais mon ami Stéphane dit que tous les bons poètes sont morts, et que le bon café ne pousse plus. Je pourrais aussi écrire de bons poèmes sur le café, ce qui serait probablement ennuyant, tellement ennuyant qu’on voudra me faire taire par tous les moyens.
Ma vie est dans une impasse. Quand j’aurai dix ans, je rencontrerai, à l’école, un conseiller en orientation. Il saura m’aider à tracer ma voie. La mienne.
Peut-être finirai-je simplement par boire du café du matin au soir, en lisant des poèmes.