Belles-soeurs 

CLAIRE: Salut Amanda, c’est bien Amanda, oui, bien sûr Amanda mais j’ai eu un moment de toute, car vois-tu je ne t’avais pas encore vue, je sais que tu as rendu visite à notre famille la semaine dernière, dans la maison de mon grand-père, avenue Dunlop, je n’y vais jamais, mon grand-père et sa morale m’ennuient, oui je sais il excelle à se peindre un visage sympa, n’en parlons pas, des histoires de familles, de vieilles familles, chauves-souris et araignées, vieilles pierres poisseuses et pelouses vaines, je préfère te voir ici, Amanda, Amanda et Jean-François, mon petit frère, tu étudies en ingénierie, médecine, mathématiques, tu fais ton droit, tes premières classes de psychologie, criminologie, sociologie, anthropologie, tu t’es inscrite en lettres, françaises, anglaises, américaines, africaines, tu as toujours rêvé d’histoire, d’études asiatiques, de linguistique, de politique, est-ce le droit commercial ou le droit international, ou l’administration publique, l’économie, la pédiatrie ou la gérontologie, car il y a la cardiologie, la chirurgie, la dermatologie, excuse-moi, Amanda, je ne me suis pas renseignée, j’ai su il y a cinq minutes à peine que tu venais, que tu étais, que toi et mon petit frère, je ne tiens pas à savoir, je ne veux pas savoir, je dois partir, dans quelques minutes je partirai, à quoi bon, dans ce cas, n’est-ce pas?

AMANDA: Je ne suis pas étudiante, je chante. Du matin au soir, je chante. Mais pas en ce moment, patemment.

CLAIRE: Patemment?

AMANDA: Jean-François m’attend. Ou peut-être, j’attends Jean-François. C’est cela, patemment.

CLAIRE: Encore patemment! Et où est-il, s’il te plaît?

AMANDA: Juste avant que tu n’arrives, il quittait l’appartement pour aller payer l’appartement. Il le fait tous les lundis à neuf heures précises.

CLAIRE: Patemment?

AMANDA: Faire ta connaissance était un événement. Maintenant, je vais chanter. Je dois chanter, c’est ainsi.

CLAIRE: Je dois partir, j’allais partir, mais je passais voir mon frère, faudrait que je le vois, puisque je suis là pour ça.

AMANDA: Tu es là, la la la la, tu es là, la la la la, pour ça, ça ça ça ça, et le ciel qui change, il faut que l’on range, le commun et l’étrange, ce qui nous démange…

CLAIRE: Après une patineuse, voici un rossignol! J’aurai bientôt de la famille une indigestion, une régression.

AMANDA: Attends ici et tais-toi, je chauffe ma voix, oh oh oh, ah ah ah, la la la, la la la la.

CLAIRE: Nous nous entendrons à merveille, Amanda. Mais je crains qu’on ne se voie plus. Le temps, l’espace, tout ce qui les remplit, ça nous séparera, la la la.

AMANDA: Tout vu, patemment, tout su, patemment, en en en.

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