CLAUDINE: Ton chien, Jasmine, est mieux nourri que mon fils.
JASMINE: Dans ce cas, change la diète de ton fils, Claudine. Sert-lui autre chose, révolutionne son menu. De la protéine! De la vitamine! De la cocaïne!
CARMITA: C’est plutôt la famine.
MARGOT: Claudine, c’est parce que tu es ma copine que je me permets. Mais plutôt que de continuer ta routine, achète toi des magazines, change ta cuisine, je suis certaine que tu lui trouveras une nouvelle doctrine.
CLAUDINE: Là n’est pas le problème, Margot. Tu roules en limousine, je lèche les vitrines. Je voudrais bien que tout ça cesse, que ça se termine.
JASMINE: La vie le veut ainsi. Tu travailles à l’usine, je domine. Maintenant, libre à chacune de nourrir son chien comme elle l’entend, ou son fils, avec de la poutine, ou des sardines. Et ne me rabat pas les oreilles avec cette Micheline, ce Raspoutine ou ce Lénine! Nous sommes des copines, je te donne tous ces conseils, pour que tu chemines.
CARMITA: J’ai parfois l’impression que tu me piétines. Ce n’est pas une douleur anodine.
JASMINE: Tu te ratatines, ma toute jolie. Tu incrimines et tu fulmines, tu veux une praline?
CLAUDINE: Je veux bien, mais ce qui me chagrine, c’est que tu t’obstine à me faire courber l’échine.
JASMINE: Petite coquine, va, va nourrir ton fils comme mon chien, et restons sibyllines. Mais qu’as-tu? Qu’est-ce que tu rumines?
CLAUDINE: C’est décidé, je me mutine!
JASMINE: Encore? Décidément, cette manie s’enracine.
CLAUDINE: La faim nous enquiquine. Mon fils s’amenuise, c’est la débine.
JASMINE: Voilà toutes tes amies qui s’agglutinent, et moi qui lambine! Je te laisse à ta nouvelle cuisine, et surtout, ma très chère copine, ne l’oublie jamais, il faut que tu chemines.
CLAUDINE: Tu me vois, tu le constates, je décline. J’ai besoin de dopamine, d’endorphine, de chocolatine.