Ballade révolutionnaire

Quadragénaire pâle, il grimace à chaque pas, claudique. Dans son sac, traitement pour un caillot, héparine en seringue. Elle sort d’une librairie, sourit. Il s’incline légèrement.

Bonjour, bonjour monsieur

Il sursaute, elle le dépasse, il la dévore des yeux. Elle marche vers le boulevard, cherche sur son téléphone Charonne révolution. Ses yeux étincellent. Il secoue la tête, retrouve la jeune femme, penchée son téléphone. Elle se dirige vers sur la rue de Charonne, s’arrête devant le numéro 159, pousse la grille, s’engage dans le passage sous l’immeuble, débouche sur le square Colbert. Érables, marronniers, albizias et magnolias, la rue a disparu. Le quadragénaire la suit dans le square, pâle. Il traîne une jambe lourde, s’approche d’elle qui photographie une maison du XVIIIe flanquée de deux ailes. Un centre d’action sociale. L’homme s’appuie sur un arbre à cinq pas de la femme. Elle prend plusieurs clichés du pavillon Belhomme, touche les pierres, s’assied sur un banc. Le quadragénaire l’y rejoint.

Vous avez peut-être besoin d’un guide.

Une voix suave. Elle hésite, fronce les sourcils.

J’en ai un, merci

Elle lui montre son téléphone. Il sourit.

Que raconte-t-il? 

Elle fait défiler le texte.

Que c’pavillon est tout c’qui reste de l’asile de Jacques Belhomme… un menuisier qui a transformé sa maison en pension pour déments. Durant la Terreur, il aurait logé à prix d’or des richards condamnés à l’échafaud. Il les faisait passer pour des aliénés. Ceux qui n’pouvaient plus payer, il les chassait et on leur tranchait l’cou. Slac! Voilà. 

Le quadragénaire montre ses belles dents. 

Slac. 

Il ricane doucement.

Madame, avez-vous lu Cécil Saint-Laurent? 

Non, désolée. 

Dans un de ses livres, c’est ici que Caroline vient se réfugier, après avoir été condamnée par Fouquier-Tinville. Gaston, son amoureux, prend d’énormes risques pour rassembler la somme astronomique que réclame Belhomme, mais il n’y arrivera pas… 

Elle cligne de l’oeil, range son téléphone, quitte le square. L’homme lui emboîte le pas. Plantée devant le Café français, elle plisse les yeux pour lire une plaque sur la façade, Plan de la Bastille commencée en 1370 prise par le peuple le 14 juillet 1789 et démolie la même année. L’homme s’adosse contre la cabine téléphonique derrière elle. Elle recule jusque dans la rue, photographie l’immeuble, photographie les pavés. Il l’agrippe, la ramène sur le trottoir. Un motocycliste a failli la faucher.

Encore vous? 

Il se frictionne vigoureusement le mollet

Je me suis tordu la cheville. 

Son caillot. 

Vous m’avez suivie, sauvée, merci.

Vous êtes Canadienne! 

Québécoise.

Pourquoi photographier les pavés? Il n’y en a pas, chez vous? 

Il peine à la suivre.

Vous êtes Parisien?

Castelneuvien, je suis Castelneuvien. 

Elle s’arrête pile. Une femme vient buter contre elle. Insultes, excuses. Elle pianote sur son téléphone.

Si j’avais l’temps, j’vous offrirais un café. C’est vrai. J’devrais ben ça à mon sauveur! Mais là, j’dois vous quitter. Chao! 

Elle tourne les talons et file sur la rue Saint-Antoine. L’homme serre la mâchoire, et s’élance dans son sillage. Il la retrouve devant le Forum des halles qui sort d’une boutique. Elle recule d’un pas.

Monsieur, vous m’effrayez.

Il s’immobilise près d’un jeune arbre, s’incline, et les mains ouvertes, il retourne les poches de son pantalon, ouvre sa veste, lève les bras au ciel et toupine sur une jambe.

Voyez, pas d’arme, pas même un mouchoir. Rien que ce petit porte-cartes. Et ce ne sont pas ces bras maigres qui vous en imposeraient. Vous auriez tôt fait de me casser les os.

Du bras, il l’invite à marcher, mais elle hésite, regarde sa montre. L’homme hasarde quelques pas vers la rue Berger, tend un bras derrière lui.

Vous voyez cet édifice-là, à l’intersection? Celui avec un drapeau? C’est un poste de police. Courez-y!

Ça va J’veux ben que vous m’accompagniez, mais faites pas l’niaiseux.

Où allons-nous?

Vous seriez pas un brin fêlé? 

Il s’élance et agite les bras pour s’envoler. Elle crie pour l’encourager, et leurs éclats font se retourner quelques touristes. 

Pour rester bien vivant, il faudrait que je m’arrête! Qui sait si en vous suivant je ne cours pas vers le trépas!

Vous et vos romans! 

Si vous passez rue de l’Abbaye, rue Saint-Benoît, rue Visconti, près de la Seine, regardez le monsieur qui sourit… 

Il chante, il laisse sa main flotter sur les guidons des Vélib’ parqués à la station de la rue Saint-Benoît. La jeune femme marche un demi-pas devant, son téléphone à la main. 

Alors vous comprendrez, gens de passage… 

Pourquoi ces grands fauchés font du tapage… 

C’est bête, il fallait y penser… 

Saluons-les… 

À Saint-Germain-des Prés… 

Vous connaissez Léo Ferré? 

J’connais cette chanson, mon père la faisait jouer tout l’temps. 

Brève recherche. Elle observe un beagle en haut-relief. 

Autrefois il y avait par ici l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et dedans, une prison. En 1792, ils y auraient massacré entre 160 et 300 personnes, c’est pas clair. Sur cette rue, il y aurait des vestiges de l’Abbaye… Attendez… Ça serait au numéro 15. Nous sommes au numéro 5, donc c’est par-là. Allons-y. 

Au numéro 15 s’élève un immeuble moderne. Rien ne ressemble moins à de la vieille pierre.

Il y a peut-être une cour intérieure. 

Elle se penche sur son écran, tape quelques mots. 

C’est là, juste là! On voit bien grâce à Google. 

Elle lui montre une photo aérienne sur laquelle on aperçoit un grand cercle sur le toit d’un immeuble. 

Là, c’est une vieille tour de l’abbaye, j’en suis persuadée. On peut peut-être l’apercevoir de la rue d’à côté? 

Elle revient sur ses pas jusqu’à la rue de l’Abbaye, scrute les toits. Elle s’éloigne sur la rue Bonaparte, se rapproche, varie les angles, elle entre dans le square Laurent Prache, toujours en vain. 

Je sais qu’elle est là, mais je n’la verrai pas. C’est bête. 

Une dame aux cheveux gris s’approche d’eux. Elle sourit au quadragénaire. Bonjour madame Maillard! 

Bonjour Aubert.

La dame elle s’éloigne d’un petit pas pressé, vers le boulevard.

Aubert? Moi c’est Sandrine.

Elle n’est déjà plus là. Il s’étire la jambe gauche, la tord dans tous les sens avant de la rejoindre. Il serre la mâchoire sans grimacer. Il parvient même à sourire.

Si vous n’en pouvez plus, n’hésitez pas, vous vous arrêtez, ce sera bye bye, je comprendrai. 

Péniblement, il avance en s’appuyant aux façades des immeubles. Elle montre du doigt une plaque, qu’elle lit à voix haute. 

En 1793 et 1794, Condorcet, proscrit, trouva asile dans cette maison où il composa sa dernière œuvre, L’esquisse des progrès de l’esprit humain. 

Je l’ai lu, Condorcet.

Une autre victime du Tribunal révolutionnaire. Saviez-vous qu’ici, sur la rue Servandoni, ont vécu d’Artagnan et Marius Pontmercy. Mais vous boitez! Je ne connais pas leurs adresses toutefois. Qu’avez-vous?

Une petite entorse, rien de grave. 

Aubert le menteur. Il prend le bras qu’elle lui tend, mais il ne s’appuie qu’à moitié. Place Alphonse Laveran, elle a le nez sur son téléphone depuis une vingtaine de minutes, tape des mots.

C’est une affaire de cœurs. 

Je croyais que vous ne rêviez que mousquetons, pistolets et poudre noire. 

C’est ben l’église du Val de Grâce, en face de nous. 

Avec ses six colonnes!

C’est là qu’on gardait les cœurs de la famille royale. Il y en avait quarante-cinq. En 1793, les révolutionnaires se sont débarrassés d’ces cœurs. 

Je ne me suis pas consolé, bien que mon cœur s’en soit allé.

Vous écrivez des poèmes? 

Verlaine. Il a habité près d’ici. 

Elle l’aide à se relever. Il rajuste sa veste. Rue Mouffetard, Aubert chute. Il s’étale de tout son long sur le trottoir. Les passants le contournent, râlent, une dame le traite d’ivrogne. Il se tord le visage de douleur, se remet sur pied. Dix mètres devant, Sandrine, prend des photos, elle n’a rien vu. Elle s’arrête devant le numéro soixante et un.

C’est laid, c’était un couvent transformé en caserne d’la Garde républicaine. 

Albert la rejoint.

J’ai refait le monde des dizaines de fois, dans les cafés de cette rue! 

Sandrine lit sur son téléphone, tout en marchant. 

Paraît que Claude François Lazowski vivait ici, c’était un des organisateurs de l’assaut sur les Tuileries. 

Aubert se masse la jambe. 

Pourquoi la… pou… pourquoi… 

Oui? 

Pou… 

Aubert, ça va? 

Oui, j’ai un… j’ai…

Vous êtes épuisé. Reposez-vous. Allez prendre un café quelque part. 

Il respire à pleins poumons. 

Une allergie aux fruits à coque, rien de grave. Je voulais savoir, Sandrine, pourquoi la Révolution française? 

Sandrine rit de bon cœur, elle embrasse Aubert sur chaque joue. 

C’est un jeu! Il y avait un livre d’histoire de France dans ma chambre chez madame Parédès. J’ai fermé les yeux, j’l’ai ouvert: Révolution française. Voilà un thème comme un autre pour ma visite. Allez, prenez mon bras et marchons, marchons encore. Il fera bientôt nuit. 

Il s’abandonne à son entrain.

La sorcière de la rue Mouffetard qui veut manger une jolie jeune fille pour devenir la plus belle des plus belles pourrait avoir envie de vous attraper, Sandrine! 

Elle l’entraîne dans un Paris qu’elle ne connaît pas, au hasard des rues.

Durant la révolution, l’Île Saint-Louis a été rebaptisée l’Île de la Fraternité! 

J’adore. 

Ils traversent le pont, bras dessus bras dessous. Elle s’éclipse un instant pour aller à la toilette. Il fait mine de s’intéresser à une vitrine, mais il vacille, s’appuie sur le capot d’une voiture, et tout son corps ploie. Trois dames se précipitent. Il balbutie quelques sons, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Puis il se redresse. 

Merci, merci. C’était un petit malaise. C’est passager. 

Sandrine ressurgit devant lui, exubérante. Elle improvise quelques pas de danse, lui tend la main. 

Monsieur Aubert, la nuit est jeune et il nous reste ben du ch’min à faire! En route! 

La jambe raide, il chemine au rythme de Sandrine, qui l’entraîne vers le Quai de Bourbon et le pont Louis-Philippe. Rue de Montmartre, elle consulte son téléphone.

Le régicide Louis Alexis Dubois de Crancéau vivait au numéro 10. Que de sang! 

Je sens le mien qui m’abandonne. 

Petit repas en vitesse à La Cantoche, jeu de marelle au sol, vieux jouets sur les murs, elle s’amuse, il repose sa jambe. De retour dans les rues, une voiture évite Aubert de justesse. Il perd l’équilibre, s’affale pendant que Sandrine brandit un poing en direction du chauffard.

Crisse d’imbécile! Ça prend-tu un sans dessin d’sacrement pour côlisser les breaks à deux pouces du monde! 

Sandrine? 

Aubert qui rit aux éclats et grimace de douleur tout à la fois, parvient à se remettre à la verticale. 

Je ne comprends rien à vos expressions à la mords-moi-le-nœud, mais vous êtes charmante! Dommage que nous ne soyons que deux personnages un peu vides. 

Vous êtes un petit comique, Aubert. Allez, prenez mon bras. Nous n’sommes pas vides, nous débordons! Vous voyez cette maison Aubert, eh ben c’est à cet endroit, semble-t-il, que le tonnelier Baroux aurait préparé le tonneau explosif utilisé dans l’attentat d’la rue Saint-Nicaise contre Bonaparte le 22 septembre 1800. Ça vous dit quelque chose? 

L’attentat, oui, j’en ai entendu parler dans les cours d’histoire. Mais le bonhomme Baroux, ça ne me dit rien. 

22 rue de l’Échiquier. Dans la plus petite des rues, on trouve des merveilles. 

Nous sommes rue de l’Échiquier? Je… Ah!… Je… 

Aubert? 

Ma jambe… Je… 

Prenez votre temps, respirez. Allez, asseyez-vous par terre. C’est ça. 

Je ne… 

Est-ce qu’il y avait encore des noix dans votre plat? Aubert, vous prenez des risques, et tous ces kilomètres que vous vous tapez avec une cheville tordue. J’devrais vous gronder, p’tit imprudent! Laissez les sales noix faire leur effet, et j’m’occupe de la jasette. Si vous en perdez des bouts, pas grave. J’répéterai si vous voulez! À moins que vous n’tombiez raide endormi, parce que j’pourrais finir par vous lasser. Vous vous levez, Aubert? Oh, comme vous voulez.

Ma jam…

Bel effort, mais c’est faible. Attendez un peu avant de réintégrer le monde des parlants.

Derrière eux, deux jeunes hommes, bien coiffés, vêtements neufs, s’approchent rapidement. Les semelles de leurs tennis assourdissent le bruit de leurs pas. L’un d’eux saisit les bras de Sandrine, qu’il serre de toutes ses forces, tandis que l’autre dépouille Aubert de sa veste en cuir. En moins de trente secondes, leur forfait est accompli, ils disparaissent d’où ils ont jailli, plus souples que des chats. Sandrine se précipite vers Aubert, qui s’agrippe sur une rambarde.

Ils vous ont blessé?

Non, ça va. Ils ne vous ont rien volé?

Mon sac, mais il n’y avait que des cartes postales, des babioles. J’ai toujours mon téléphone, heureusement.

Je peux vous prendre le bras? Je vois mal la nuit, surtout quand je n’ai pas mes lunettes.

Prenez, Aubert! Prenez!

Aubert se masse les tempes. Son visage, plongé dans la nuit, ne retient plus les grimaces de douleur. Il accélère le pas, ce qui réjouit Sandrine, mais cela dure moins de cinq minutes. Il se cramponne au poteau d’un feu de circulation.

Aubert? Qu’avez-vous?

Je suis…

Toujours ces maudites noix?

Aubert acquiesce. Brusquement, comme s’il venait de recevoir un coup de poignard dans le dos, il redresse tout le corps. Sandrine le regarde, hébétée. Elle scrute la rue, personne. Il relève le front. Elle croit qu’il lui indique quelque chose.

Ah! Je vois. Cette tour!

Aubert approuve de la tête. Il ferme les yeux, pendant que Sandrine se précipite sur son téléphone.

Cette tour date du XIIIe siècle, elle faisait partie du prieuré Saint-Martin-des-Champs… Mais ce n’est pas ça… Ah! Nous y voilà! Derrière, c’est le Conservatoire national des arts et métiers. Vous savez quand il a été créé? En 1794, en plein durant la Révolution française. Oui monsieur! Vous avez devant vous un héritage direct, et encore en fonction, de la Révolution! Allez, il faut repartir. Mon séjour à Paris s’achève, et j’aimerais ben faire une ou deux petites stations révolutionnaires, avant d’partir. C’est trop bête qu’vous ayez la parlote kaput… Demain, Aubert, vous serez remis…

Aubert se déplace à pas de tortue, mais Sandrine, fort gaie, s’adapte joyeusement à sa lenteur. Courte pause devant le square du Temple. Sandrine enjambe la petite clôture.

J’ai envie d’aller voir ce p’tit parc!

Je vous attends ici. Je vais m’asseoir. Prenez tout votre temps.

Elle explore le square, le plan d’eau, le kiosque. Elle s’arrête devant une stèle sur laquelle sont inscrits les noms de quatre-vingt-cinq jeunes enfants juifs d’âge préscolaire déportés durant la Seconde Guerre mondiale. Elle lit chacun des noms, à la lumière de son téléphone. Elle photographie la statue de Béranger, et s’assied sur un banc. Toujours le même jeu: elle cherche sur internet un lien avec la Révolution.

Voilà. Il vivait juste en face du parc.

Sandrine chuchote, comme si elle craignait de réveiller les habitants du quartier.

Pierre Sylvain Maréchal… Un compagnon d’Babeuf… Il rédige un manifeste pour l’égalité des hommes, en 1796… Certains le verraient comme un visionnaire, une sorte de communiste avant l’temps…

Elle tape quelques mots sur son clavier. Dans la rue de Bretagne, des gyrophares surgissent et éclairent silencieusement les façades et les arbres, tout près de l’entrée du square.

Que se passe-t-il là-bas? Aubert m’racontera, il est tout près.

Sandrine sort discrètement du parc, où il est interdit d’entrer après dix-sept heures trente. Elle revient là où elle a laissé Aubert, mais il a disparu. Une ambulance est garée en double, gyrophares allumés. Sandrine s’approche des ambulanciers.

Qu’est-ce que c’est?

Un grand gaillard, qui enfile des gants de plastique, sourit à son accent.

Le mort, vous le connaissez?

Quel mort?

Ça ressemble à un AVC. À voir sa jambe gauche, c’est clair qu’il avait des caillots dans le sang. Pauvre bonhomme… Vous êtes en vacances?

Oui, j’visite Paris.

Il la détaille des pieds à la tête. Sandrine tape du pied, lève les yeux sur la rue, devant elle.

J’peux vous faire visiter, si vous avez besoin d’un guide. J’termine dans trente minutes… Vous savez, je connais Paris comme pas un!

Elle tourne les talons et fonce rue des Archives. Elle marche droit devant, sans se retourner, sans reprendre son souffle, sans essuyer ses larmes.

Un AVC! Moi qui ai cru à ses histoires de noix! Quelle nounoune!

Les ambulanciers fouillent les poches du cadavre. Aucun papier, aucune photo, pas même un ticket de caisse.

Michel Michel est l’auteur de Dila

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