Le cul-de-sac

Elle porte une veste, une jolie veste de tungstène à boutons de titane, un pantalon de laine. Verts. La veste, les boutons et le pantalon.

Elle n’a pas de religion, à part peut-être sa profession d’installatrice d’équipements thermiques et sanitaires. Personne ne lui connaît de défauts. Personne ne la connaît.

Mais nous la voyons tous. Tous les vendredis, tous les samedis, tous les dimanches. Nous la voyons qui se cache derrière une colonne, qui espionne l’allée du Moimien que plusieurs appellent, par dérision, le cul-de-sac des Affligés.

Elle espionne de ses yeux froids. Elle ne touche à rien, et c’est à peine si ses yeux remuent. Même quand dansent des arcs-en-ciel, elle reste immuable. S’imagine-t-elle passer inaperçue? Je ne crois pas, je crois qu’elle s’en balance.

Je ne lui ai jamais vu d’autres vêtements que sa veste de tungstène à boutons de titane, son pantalon de laine.

Les mauvaises langues racontent qu’il lui arrive de parler. Mais je ne connais personne qui en ait été témoin.

Elle n’a pas de nom, et cela, cela est fort particulier.

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