JUW: Mon pauvre!
PAD: Mon pauvre? Tu te méprends! J’ai tout pour être heureux! Tout! Et même plus.
JUW: Ton patron te méprise.
PAD: Mon patron, c’est un minable moustique à qui on a donné un rôle de guêpe. Il s’écrasera bientôt, et nous rirons!
JUW: C’était pourtant ton ami.
PAD: Qui a des amis? C’était un tartuffe qui récitait ses répliques avec brio.
JUW: Ta femme t’ablate quotidiennement.
PAD: N’exagérons pas! Un petit doigt de temps en temps, parfois plus, mais ça reste insignifiant. Vois! J’existe encore!
JUW: Une tête sans nez, avec une oreille, un œil. Un tronc sans bras, avec une jambe. On te gomme.
PAD: Qui ne gomme-t-on pas? C’est une bonne femme, qui me donne raison quand j’ai tord, et tord quand j’ai raison.
JUW: Tes enfants te ridiculisent.
PAD: Ce sont de gentils coquins. Ils débordent de vitalité, et ne manquent pas d’imagination.
JUW: Pour te faire miauler, oui, et te faire aboyer, selon la fantaisie du jour.
PAD: Et pépier! J’adore pépier!
JUW: Mon pauvre! Ils se lasseront, tous. Tu mourras immémoré.
PAD: Hourra!
JUW: Tu pavoises!
PAD: Ma cessation ne provoquera pas une once de tristesse: n’est-ce pas une grande victoire!
JUW: Moi! Moi, moi, moi. Moi je serai triste!
PAD: Je te laisserai mon camion.
JUW: Vraiment? Génial!