Une silhouette dans le brouillard

Du brouillard sur la route. À peine si je distingue les phares des voitures qui viennent vers moi. Des paires d’yeux, blancs, jaunes, simples ou doubles.

Est-ce que je rêve? Ces yeux foncent sur moi, me traversent, comme si je n’existais pas, comme si j’étais du brouillard moi-même.

D’ailleurs, tiens. Où suis-je? Je suis là, bien sûr, mais je ne vois ni où je commence ni où je finis. Un corps vaporeux, un flottement. Un esprit? Un farfadet, comme disait maman?

Je n’ai de prise sur rien. Je ne sens pas même le froid des pneus qui roulent sur moi, la dureté des carrosseries qui me transpercent.

Dans le fossé, s’avance une silhouette. Sombre et pourtant, lumineuse. Elle danse et glisse lentement vers moi, me dépasse, disparaît avec les voitures.

La silhouette revient sur ses pas. Elle danse toujours, et sautille autour de moi.

Elle tend le bras, me touche de l’index et soudain je chancèle. Je me vois! Je me vois silhouette aussi, qui danse aussi, qui glisse aussi.

Quand la voiture parvient à ma hauteur, elle ne me traverse pas. Le choc est dur, l’asphalte est trempé, la douleur est vive.

La silhouette me tire par le bras, me tire jusque dans le fossé, me soigne.

Sur la route, le brouillard est plus épais, je ne parviens plus à distinguer les phares, mais la silhouette m’apparaît encore plus clairement.

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