Deux hommes, dont les habits sont couverts de boue séchée. Assis sur un banc de pierre, jambes allongées, ils regardent défiler les voitures. Le plus petit fait tinter les pièces de monnaie dans ses poches.
HUM: J’ai soif.
ONN: La soif, c’est la vie. Nous vivons.
HUM: Quoique.
ONN: Oui. Quoique. Il faudrait tout de même se décider. Je dois me lever, prendre les moyens d’accumuler une fortune. Une fortune comme la tienne.
HUM: Ma fortune me tire vers la terre. Je suis un intellectuel, tu sais? Tu le savais? Non? Eh bien, oui.
ONN: Tu as aussi une hanche disloquée.
HUM: Ça aussi. J’ai encore soif. Encore un peu plus. Dans quelques minutes, j’aurai assez soif pour me lever et marcher jusqu’à celle qui m’attend.
ONN: La pinte?
HUM: Magnum!
ONN: Monsieur a dégagé des surplus! T’auras toute la bande à tes trousses.
HUM: Ils peuvent toujours courir, ils ne me trouveront pas. Personne ne me trouvera. Pas même toi.
ONN: Je sais. J’ai déjà essayé. Faudra bien que je me remue, que j’aille leur récolter l’impôt quotidien. J’ai moi aussi besoin d’investir dans mon avenir.
HUM: Mes investissements favorisent essentiellement le maintien et le renforcement de mon dynamisme et de ma viabilité.