Léopold n’est pas cool. Pas ce qu’on appelle cool. Il mange mal, boit beaucoup, se saupoudre l’esprit d’une quantité épatante de poudres. Léopold lance des briques dans les vitrines des boutiques, mais pas que ça. Il en lance aussi sur les belles bagnoles, sur les villas du haut du village, dans les fenêtres de la mairie. Léopold lance aussi des bouteilles sur les policiers qui nettoient, épisodiquement, le parc où avec ses amis il rit, s’amuse et dort.
Depuis longtemps, Léopold sait que le temps passe.
Léopold s’est retrouvé au volant d’une immense bagnole. Une bagnole bleue. Léopold s’est gratté le cuir chevelu, se l’est gratté à fond pendant de longues minutes, parce que sa bagnole l’a conduit jusqu’à une immense maison, une maison blanche, dans laquelle il y avait une femme, trois enfants, un atelier de menuiserie, un bel équipement de pêche à la ligne et trois livres.
Mais Léopold n’est toujours pas cool.
Quand il dort, la nuit ou le jour, des policiers sautent dans ses rêves, et osent le chasser à coups de matraque. Le chasser de ses rêves, de ces rêves qu’il croyait siens.
Depuis, Léopold comprend que le temps passe.