J’avais décidé de raconter ma vie. Je me suis dit, comme je ne sais rien faire, ça me permettra de faire fortune, et de ne rien faire. Sauf qu’il ne m’a fallu que cinq mots pour tout raconter. Vous me direz que j’aurais pu répéter ces cinq mots sur deux cents pages, quitte à varier en intégrant des synonymes. Tout le monde le fait. Je l’ai fait. Le résultat était désastreux. C’est pourquoi.
Mieux vaut raconter la vie de qui vous savez. Parce que lui, il en a fait des choses, oh des choses! Il a sauvé, aimé, donné. Il a tué, écrasé, nié. Et parce que ça ne suffisait pas, il a recommencé. Plusieurs fois. Donc, vous voyez le tableau.
Palpitations, sudations, strangulations. Bientôt, je le sens, je ne trouverai plus les mots pour la raconter, sa vie.
Courage, fourberie, modestie. J’ai fouiné dans ses placards, sous son lit, jusque dans ses poubelles. J’y ai récolté un condom encore chaud, une lettre jamais envoyée, des lunettes rouges, rondes, une boucle de cheveux blonds, un nez de clown, un vieux livre de Mongo Beti, une poignée de porte antique, un bol japonais, une horloge Galerie du Gaston.
Et un reste de salade grecque.