Je me tortillais les doigts. Je me les tortillais jusqu’à me les blesser. Alors. A bien fallu trouver. J’ai trouvé.
Je me suis inventé une mission. Rencontrer l’ours qui parle. Est-ce qu’il existe? Là n’est pas la question. Est-ce que je peux croire qu’il existe? Oui. Alors ma quête commence.
Chaque semaine, du lundi au samedi de dix-neuf heures à vingt heures, je perfectionne mon plan de recherche. Le dimanche, je mets en place les éléments du plan. Je pars en randonnée en forêt, au cœur du territoire des ours. Ou je rencontre des biologistes qui me fournissent de précieux renseignements. Ou je lis un livre sur les ours. À force de chercher, je me rends compte de l’énormité de la tâche. Est-ce qu’une vie sera suffisante? Sera-ce là la mission, aussi, de mes descendants? De tous les miens?
Aujourd’hui, je vais dans la vie, et je ne me tortille plus les doigts.