OLEO: Si j’inventais une morale, ça t’irait?
POTO: Ben oui. Puisque nous n’en avons pas. Ça nous changerait.
OLEO: Alors, dressons une liste des interdictions. N’importe quoi. Que devrait-on interdire?
POTO: Les yeux! Interdisons les yeux.
OLEO: D’accord. Ce sera difficile, mais rendons immoraux les yeux dénudés. Fini les regards libres. Quoi d’autre? Devrions-nous interdire la poésie?
POTO: Bien sûr. Évidemment. La poésie est immorale. En prison, ceux qui poétisent! Et interdisons les vêtements rouges, la gomme à mâcher, les vélos à pneus surdimentionnés, les saucisses d’agneau, les danses en ligne, les babas au rhum.
OLEO: Et les vingt dollars.
POTO: Pourquoi?
OLEO: Comme ça.
POTO: Évidemment. Fallait y penser. Et le sens que nous donnerons à tout ça?
OLEO: Nous dirons que ça va de droite à gauche, en zigzaguant légèrement, et que si tout le monde se conforme à la morale, ils auront droit à une glace aux pépites de chocolat.
POTO: Et un café?
OLEO: Non. Une glace, ça suffit.