MAIRE: Cette année, tous les morts recevront une médaille. Aluminium plaqué or. Nous avons voté, à l’unanimité même si cela n’a pas été facile à cause de Carignan, de décerner cet honneur à ceux qui ne nous embêtent plus. Bravo pour la paix que votre départ nous apporte!
CITOYEN 1: Redistribuez leurs collections de cailloux!
CITOYEN 2: Donnez-nous leurs bicyclettes!
CITOYENS 3 ET 4 ET 5: Et leurs caleçons!
MAIRE: Concitoyens, calmez-vous. La Ville a déjà saisi tout ça, pour notre bénéfice commun. Prions plutôt, prions ensemble pour que les plus riches d’entre vous meurent dans l’année. Recueillons-nous.
FOULE: Oh!
MAIRE: Que meurent aussi les miséreux! Amen!
FOULE: Ah!
CITOYEN 2: Vous serez bientôt seul, monsieur le maire, seul seul seul.
CITOYEN 1: À moins que nous ne vous tranchions le cou.
CITOYEN 4: La langue.
CITOYEN 5: Les mains.
MAIRE: Impossible. Je suis le maire.
CITOYEN 2: Nous sommes cinq, vous êtes seul.
MAIRE: La paix, oh la paix, elle a été de bien courte durée. Mes bons concitoyens, rentrons chacun chez soi, méditons. Tout est possible, si nous le voulons. Regardons notre avenir commun avec un regard neuf. Un regard innocent. Un regard qui voit!
FOULE: Hein?
CITOYEN 3: Voilà. Je n’aimais pas ses discours.
CITOYEN 5: Je les détestais.
CITOYEN 1: Il a droit à une médaille, non?