Ce que j’aime dans les histoires, c’est qu’elles racontent une histoire. Les histoires à faire frémir, les histoires à faire rire, les histoires à faire écrire, les histoires à faire rougir. Alors j’ai décidé d’écrire une histoire à faire revenir.
Voici: il était une fois lui. Il disposait de soixante-quinze années, trois mois, deux jours, sept heures, et un nombre indéterminé, mais important, de secondes. Qu’allait-il en faire? Oh! Oh! Oh! Mais rien du tout. Il a sauté dans son wagon, pareil à tous les wagons, et le voilà qui file à toute allure. Où va-t-il? Eh bien, nulle part. Il aura provoqué un léger mouvement, des brindilles de bruit, pendant soixante-quinze années, trois mois, deux jours, sept heures, et un nombre indéterminé, mais important, de secondes.
Depuis le début, il partait comme on part quand on part pour de bon. Alors j’ai tenté de l’arrêter, je l’ai fusillé, il n’est pas mort, il s’est relevé en constatant la fragilité de la vie. Il s’est soigné, répétant que dorénavant ceci, dorénavant cela. Puis, une fois guéri, il a couru, couru très vite, pour sauter à nouveau dans son petit wagon. Bye bye! Le voilà parti, bien parti cette fois.