CAROLE: J’aimerais que tu m’écrives une histoire avec une morale positive, quelque chose qui sent le froment, l’avoine, le foin et le patrimoine.
JEANNE: Misère, ma toute belle! Tu m’écorches les oreilles. Je ne goûte pas, au petit matin, des apparitions à chaque tournant, au creux de chaque vallon!
CAROLE: Pourtant, tu pourrais entonner de ces pensées inspirantes, celles qu’on peut imprimer sur des t-shirts, des porte-crayons, des cubes et des pierres!
JEANNE: À d’autres ces vices grossiers!
CAROLE: Tu te dépouilles de tes vraies richesses, ma vieille. La morale, y a que ça.
JEANNE: Mon zèle redoutable se tarit dans la pestilence et l’élasticité de la jeunesse.
CAROLE: Jeunesse! Tu la flétris par tes inclinations, ton refus de la vocation.
JEANNE: Fléaux, petits tas d’afflictions, monticule d’amertume.
CAROLE: Tu délires. Devrais-je sévir, ou m’apitoyer?
JEANNE: Croque des notes, ravissante phosphorescente au charme bien profond, tu compromets le triste assemblage de vilenies qui panse la virile parole.
CAROLE: Sans morale, on ne te souffrira plus!