Dimanche matin, soleil printanier, rossignols, mésanges, le muguet et les tulipes, au loin, on aperçoit les lilas. Sourires béats, sourires satisfaits, sourires souriants. Calixe sort sur son balcon, contemple cette magnificence étalée à ses pieds. Calixe sourit. Puis les mains en porte-voix, il aspire longuement.
CALIXE: Il y a mille deux cent quarante-trois personnes dans notre petite ville qui ne mangent pas à leur faim.
Horreur! Les sourires, tous, les béats satisfaits souriants, disparaissent. Des poings se lèvent, les lilas tombent, les rossignols s’étouffent, les mésanges se cachent. Cent appels au service d’urgence, dix voitures de police rappliquent, Calixe est terrassé, menotté, bousculé, emprisonné. Perturbation de la tranquillité d’esprit. Le juge insiste sur l’énormité du crime, et surtout, sur son caractère incendiaire. Condamné, il périra. Le soir même, au fond de la décharge publique, deux fonctionnaires l’immobilisent sur la guillotine. Comme la lame est mal affûtée, il faut s’y reprendre à trois reprises avant que ne tombe ce qui tombe en ces circonstances.