Dans la solitude de la ville nordique, le silence effrayant s’étirait depuis des jours quand le premier coup de tonnerre ébranla le sol. En moins de deux minutes, des nuages d’encre se tordaient au-dessus de nos têtes, et dans le sifflement du vent les rares passants se précipitaient à l’abri, dans un café, une boutique d’huiles essentielles, une mercerie spécialisée dans les tenues sombres, lugubres. C’est à ce moment que les lèvres de corail surgirent du néant. Elle m’a demandé du feu, je lui ai souligné que plus personne ne fumait, elle a avoué qu’elle ne fumait pas, que c’était un prétexte pour se rapprocher de mes lèvres de corail. Pendant que la bourrasque fracassait les vitres des fenêtres au-dessus de nos têtes, nous avons échangé nos courriels, nos empreintes digitales, un baiser, et nous nous sommes donné rendez-vous pour une soirée au cinéma, non sans avoir auparavant immortalisé notre rencontre par deux selfies, un sur son téléphone, un sur le mien. Dix minutes plus tard, que le temps est long lorsqu’on aime, nous nous sommes retrouvés devant ce cinéma où l’on joue “Le bal” depuis 1983.
Le temps est long lorsqu’on aime
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