Ma mère me reproche de vendre mes slingshots au village de la Côte-à-Magnan, parce que sa boule de cristal lui dit qu’ils pourraient bien finir par les utiliser contre nous, si jamais ils nous envahissent pour nous voler nos richesses locales, nos tartes au sucre, nos crottes de fromage, notre poésie sylvestre, mais je n’y crois pas, pourquoi voudraient-ils nous voler tout ça, c’est bien connu, ceux de la Côte-à-Magnan sont incultes, princes de l’ignorance, rois de la bêtise, ils les utiliseront plutôt contre ceux qui depuis deux cents ans les ont conquis trois fois, ceux du Boutte-à-Gagnon, qui eux aussi sont d’excellents clients, et c’est pourquoi d’ailleurs, remerciez ma neutralité, j’ai pu agrandir mes usines de production, embaucher la moitié des travailleurs de chez nous, le tiers des travailleuses, le dixième des enfants, ce qui m’a propulsé sur ce podium, génie de Saint-Baribo, milliardaire de l’armement, sauveteur de la bienfaisance, supporter de l’équipe de ringuette, généreux contributeur des caisses politicailliennes, et j’en passe, passe, passe, passons aux choses sérieuses, jamais ceux de la Côte-à-Magnan ne se retourneront contre nous, où trouveraient-ils leurs slingshots, production production, nous les tenons, secret industriel, génie de la belligérance, nos filiales leur procurent même de fameux cercueils fleuris, des pelles mécaniques pour leurs fosses, et de beaux chants pour leurs troupes, mais malgré tout ma mère s’inquiète, elle se fait du sang d’encre et je ne sais plus comment la rassurer. Je lui ai offert des chocolats avec une cerise au milieu. J’espère que ça la calmera.
Armement et chocolat aux cerises
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