LIAM: J’ai huit ans et je suis bien heureux de ne pas avoir à travailler dans une mine.
JUSTIN: Pourquoi aurais-tu à travailler dans une mine?
LIAM: Pourquoi à ton avis?
JUSTIN: Pour extraire des trésors et ne pas aller à l’école.
LIAM: Intéressant. Je n’y avais pas pensé.
JUSTIN: Alors pourquoi?
LIAM: Vois-tu, si je travaillais dans une mine, cela nécessiterait une quantité non négligeable d’énergie, de dépense calorique, et je me retrouverais à la brunante, comme en ce moment, incapable d’activer ces neurones indispensables à l’élaboration de ma stratégie de développement continu, ce qui, par rapport à toi par exemple, me distancerait à tel point que la confusion s’emparerait, inexorablement, de mon esprit et noierait toute velléité de progression.
JUSTIN: Inexorablement.
LIAM: Sans compter le déclin physique, car la quantité de protéines dont aurait besoin, théoriquement, mon corps pour soutenir à la fois sa croissance et son travail serait telle qu’il s’avérait impossible, faute de temps et de capacités digestives et probablement de moyens, d’absorber les aliments, pourtant, théoriquement je le répète, nécessaire à ce rythme peu orthodoxe de croisière. Métaphoriquement.
JUSTIN: Bien sûr. Métaphoriquement.
LIAM: Alors tu comprends mon bonheur?
JUSTIN: C’est aussi le mien. Nous sommes heureux. Quoique je déteste mon petit frère. Il a fait tomber mon ordinateur, l’écran s’est fracassé, mes parents ne veulent pas le remplacer.
LIAM: C’est horrible. Revenons à la théorie, veux-tu?
JUSTIN: Oui, c’est vachement mieux, la théorie. C’est comme se fermer les yeux, en mieux.
LIAM et JUSTIN: Nous sommes heureux. Voilà. Un deux trois, heureux. Un deux trois, heureux. Un deux trois, heureux.