Il y a du soleil, un océan à proximité, une terrasse, un parapet de béton, une longue file de personnages nus sur la plage, deux gendarmes, un devant, un derrière, un chien, trois crabes grimpés sur une pierre qui observent, et nous, mon amour, qui nous mourrons. Nous aurions dû, quand nous en avions la force, ramasser des coquillages, du sable doré, nous aurions même pu remplir d’eau la jarre grecque abandonnée par les anciens propriétaires. Au moins nous avons quitté notre village, au moins, nous il n’y avait plus rien là-bas pour nous, les gens nous haïssaient, je n’arrivais plus à comprendre pourquoi, oui, et ça me troublait. Quand cette longue file de personnages atteindra l’extrémité de la plage, reviendront-ils sur leurs pas? Serons-nous encore ici pour les observer? Ils reviendront peut-être dans dix ans, et alors beaucoup plus lentement, ils s’enliseront peut-être dans le sable. Est-ce que nous nous aimerons encore, alors? Est-ce que nous nous aimons? Au moins nous avons quitté le village, après quarante ans, nous y étions toujours étrangers. Ici aussi. Partout. Il y a un soleil, un océan, une terrasse, un parapet. Il y a beaucoup plus, il y a du temps pour voir plus. Il y avait du temps. Nous étions ici, sur la terrasse. Il y avait une file de personnages nus. Il y a le soleil, il y a l’océan, il y a aussi le sable doré.
Il y a le soleil et une file de personnages nus
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