MANTIE: Si tu me dénonces, je nierai. Je nierai tout.
DISIA: Je ne te dénoncerai pas.
MANTIE: Ça t’indiffère? Tu crois que ça n’est rien, tu t’en détournes comme d’une banalité, tu iras ton chemin sans arrière-pensée?
DISIA: Tu n’as pas à t’inquiéter. Je suis ton amie, pourquoi irais-je te dénoncer, et à qui?
MANTIE: Mais à tout ce qui écoute, lit, avale! À tous et à tout!
DISIA: Tu dramatises. Gardons notre sang tiède, respirons longuement, et viens avec moi, j’allais faire des courses.
MANTIE: Son sang est froid.
DISIA: Pas encore, mais ça viendra. Allez, viens.
MANTIE: J’en fais quoi?
DISIA: Laisse-le. Il n’a pas besoin de toi. Ni de personne, d’ailleurs.
MANTIE: J’ai peur d’avoir des remords. Je sens que je devrais faire un geste, quelque chose pour me racheter.
DISIA: Tu finiras par te dénoncer toi-même. Tu l’as trucidé parce qu’il ne voulait pas que tu touches à sa Comédie humaine. Le voilà bien mort, tu ne dois pas avoir peur des morts. Ils nous tournent le dos, tous. Alors.
MANTIE: Pourtant, je n’avais pas de haine. On dirait qu’il dort. A-t-il au moins prononcé un mot, un seul mot?
DISIA: Apportons sa Comédie humaine, à nous deux, nous y parviendrons. Ce serait vraiment dommage de la laisser derrière, et là, oui, ça rendrait tout cela modestement absurde.
MANTI: Je n’y avais pas pensé. Voler, une chose que je n’ai jamais faite. Pas même un bonbon.
DISIA: Là c’est différent. La culture, ça ne se vole jamais, ça n’a pas de prix.