Méditations syndicales

Les effets spécifiques du vent sur la coiffure de mon patron terrifient le personnel. Chaque fois qu’une mèche se déplace, de nouvelles tâches nous sont assignées, et les jours de grands vents, nous ne sortons jamais avant minuit.

Alors nous nous sommes organisés. Un syndicat, une caisse, un local, des moyens! Et nous avons construit un mur, un immense mur au bout de la rue, à l’ouest, question de protéger les mèches du vent. Victoire! Nous l’avons criée, un soir, deux soirs, pendant toute une semaine, dans le pub du bas de la ville.

Sauf que parfois, le vent vient d’est. Alors nouveau mur, nouvelles célébrations, nouvelle déception. Après avoir encerclé tout le quartier d’un immense mur anti-déplacement-de-mèches-du-patron, nous avons hésité à crier victoire. Avec raison.

Le vent, ce saligaud, a soufflé d’en haut, une sorte de tornade dans notre enclos, et les mèches se sont affolées comme jamais, et nous avons souffert pendant des semaines!

Jusqu’à ce qu’un des employés propose, dans un murmure, de congédier le patron. Nous n’y avions pas pensé. En tout cas, la question, si elle n’est pas à l’ordre du jour de notre prochaine assemblée, pour éviter les brimades, jérémiades, péliades, nous l’avons plutôt mis à l’ordre du jour de nos méditations individuelles.

Nous en rendrons compte, silencieusement, à tous les membres de notre syndicat.

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