Chaque matin, à huit heures vingt-sept, Élia monte dans son bus, et descend à huit heures quarante-deux à l’intersection, marche deux cent trois mètres, pousse la porte, monte un étage, marche jusqu’au bout du corridor, tourne à droite, à droite encore, entre dans le local B-234.
Trois chandeliers. Elle les allume. Au-dessus, une image en papier glacé, de qualité, dans un cadre en chêne. L’image représente un écran d’ordinateur, joliment décoré d’une ribambelle de chiffres qui s’enlacent artistiquement en arabesques rouges sur fond bleu ciel. Elle s’agenouille, joint les deux mains, et de ses lèvres monte un murmure que nous ne pouvons reproduire ici (nous ne saisissons pas ce qu’elle dit, nous ne percevons qu’un bruit confus).
Une fois le bruitage terminé, elle sort du local B-234, et se dirige d’un pas léger vers le local B-251, où sont alignées sept rangées de vingt-deux tables identiques, un mètre carré chacune, avec un ordinateur et un clavier identiques. Devant chaque table, des hommes et des femmes s’asseyent, et cela dure douze minutes trente-sept secondes. Élia a pris place devant la quatorzième table de la troisième rangée.
Bientôt, un mouvement joyeux de doigts fait vibrer le local B-251. Un sourire incommensurable déforme le visage d’Élia.