Ils sont tous entrés dans la salle de bal, le maire, le chef de police, ma voisine, les actionnaires de la rue du Rat D’Or, les rejetons de ma chienne, le chameau du village, le propriétaire du Bar des Copains, trois chimistes, un tueur à gages, bref, toute la pègre locale.
Sauf que les musiciens ne se sont pas présentés. Où sont-ils passés? Nul ne le sait. Leurs instruments sont pourtant là, prêts, patients. Mais pas de musiciens! Certains prétendent qu’ils ont tous trop bu la veille, qu’ils cuvent encore. D’autres qu’ils ont été assassinés par la pègre du village voisin. Moi, je crois qu’ils n’ont jamais existé.
Alors, la bande de joyeux fêtards s’est retrouvée dans l’obligation de danser sans musique, malgré le ridicule. Ils dansent. Ils dansent. Ils auraient très bien pu rentrer chacun chez soi, se retrouver au club de billard, descendre au lac et s’y noyer. Mais non. Ils voulaient d’un bal, et comme ils sont puissants, rien n’allait les arrêter.
Alors, mamie, je le leur accorde, ceux-là, rien ne les arrête. Voilà sans doute pourquoi je ne connaîtrai jamais le succès de ma voisine, et de ses compères.