Avec sa tête de faucon gerfaut, son menton coulant, ses mains fripées et son bavardage navré, il éclabousse notre paisible ermitage. Pourtant, nous lui avons ouvert les portes, nous l’avons nourri, nous l’avons protégé. Quelle naïveté, nous avons cru qu’il nous voyait, quand il nous regardait dans les yeux, nous pensions qu’il percevait. Nous avons compris trop tard que nous avons les yeux étincelants, et qu’il lui servaient de miroirs.
Quand il nous a demandé d’acheter son livre, un gros manuel sur le fonctionnement des multiples composantes de son personnage, nous l’avons fait. Oui. Puis nous l’avons déchiqueté, page à page, presque mot à mot, méticuleusement, et nous en avons fait une soupe que nous lui avons servie.
Il en a fait une indigestion. Et pire. Patemment.
Le jour de ses funérailles, il y avait son ombre, et l’ombre de son ombre. Ceux qui, par hasard, ont vu passer le corbillard se sont enquis de l’identité du trépassé. Nul n’était en mesure de répondre.