Je lisais un livre de Bukowski, alors évidemment j’étais un peu ivre, alors évidemment j’avais du mal à me concentrer, alors évidemment j’écoutais Mozart, alors évidemment je les ai vues, les quatre coquerelles. Elles dansaient, mignonnes, elles tourniquaient sur mon bureau, elles m’étourdissaient. Et me déconcentraient davantage.
Je lisais encore Bukowski lorsque leurs amies se sont jointes à la fête, fête au village sur mon bureau, farandole noire, farandole sémillante, si agile que je me suis versé un autre verre pour apprécier le spectacle.
Quand j’ai terminé Bukowski, il devait y avoir quelques centaines de farandoles sur mon bureau, peut-être davantage. Où poser mon livre? Ces charmantes carapaces luisantes couvraient tout l’espace, l’emplissaient d’un éclat mouvant. Où poser mon livre? Je me suis servi à boire, une fois de plus, généreusement. Et j’ai bu, et j’ai bu un peu plus.
Extraordinaire! Des milliers de farandoles noires, sur le bureau, sur le plancher, sur les murs, sur mon lit, des milliers de farandoles joyeuses, et moi qui me suis pris à danser aussi, à danser avec elles qui dansaient avec moi, sur moi, sur mes habits, sous mes habits, dans mes cheveux, une fête, mes amis, une fête comme on en voir peu.