Jonas à la plage

Ils prennent le même autobus, tous les matins, pour aller se brûler les pieds et le nez sur la plage.

JONAS: Je ne voudrais pas crever sans avoir vu tous les graffitis sur tous les murs de toutes les villes.

FABIEN: Ça ne te donnera rien, dans la seconde qui succédera à ton trépas.

JONAS: On se dit, faut bien avoir un but, se donner un sens, un sens à sa vie. Il y en a qui font pire, on n’a pas idée, bien pire. Des sens qui n’ont aucun bon sens. Il y en a plein. Je te les nommerai, bientôt, tu les reconnaîtras.

FABIEN: Dans cette seconde qui succédera au trépas, tu ne seras plus là, tu ne regretteras rien. Alors, pourquoi t’amuser maintenant? Tu le regretteras pas, tu ne regretteras pas de t’être ennuyé.

JONAS: Ennuyons-non, mon ami, ennuyons-nous un jour de plus.

Sur la plage, malgré le froid, de rares promeneurs s’aventurent encore.

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