C’est un fil qui serpente entre les pins géants, un long chemin couvert d’épines dorées sur lesquelles il fait bon poser les pieds.
Je m’y suis engagé sans trop réfléchir, la tête ailleurs. Je crois que je pensais à toi, à toi ou à ma voisine. Je me souviens avoir aperçu les trois corneilles dès le départ, mais je n’y ai pas porté attention. Des corneilles, il y en a tant.
Quand la nuit est venue, je marchais toujours, et le lendemain matin aussi. Autour de moi, les arbres semblaient les mêmes, et les courbes dans ce chemin si doux, pareilles les unes aux autres.
Et les corneilles. Les trois corneilles qui s’envolaient à mon approche, qui s’envolaient et s’envolaient à nouveau. Elles n’étaient ni menaçantes ni ricanantes. J’avais l’impression qu’elles ne me voyaient pas, ou qu’elles m’ignoraient.
J’ai encore cette impression. Qu’elles s’entrecroisent devant moi, indifférentes à ma présence, à ma permanence dans cet entrelacs infini.