Aline a abandonné la littérature parce qu’elle avait mal au postérieur. Nerf sciatique coincé, impossible de rester assise plus de dix minutes. Quant à écrire debout, ou couchée, c’était hors de question. Elle ne pense bien que lorsque toutes les parties de son corps occupent une position bien définie dans l’espace. Une position assise.
LUI: Qu’avait-elle écrit?
Aline avait écrit cinq romans, trois livres de recettes, deux biographies, une autobiographie. Qui n’ont jamais été publiés.
LUI: Heureusement.
Aline aurait aimé voir ses œuvres dans la vitrine d’une librairie, et sa photo dans les magazines, et une petite gloire d’une semaine, peut-être deux. Mais ça s’est passé autrement. Maintenant, Aline n’écrira plus. La littérature n’y perdra rien.
LUI: Merci nerf sciatique.
Aline ne le voit pas de cet œil. Elle pleure. Elle comprend qu’elle n’a pas deux onces de génie, que ses livres sont ennuyeux, de plats pastiches particulièrement pathétiques, mais elle n’en démord pas. Comme tous les autres, elle rêvait de voir son nom sur le carton mou d’une couverture colorée.
LUI: Et la littérature?