J’ai vu une femelle.
Dans un étang, près du chemin où je passais en camion.
Une femelle et son petit. Ou sa petite. Comment savoir. Crépuscule, fin d’une journée étouffante, humide, une de ces journées pour lesquelles ils vendent des piscines.
La femelle me regardait, droit dans les yeux. Clairement, elle tentait d’évaluer la menace. Je suis gros, ma chère, mais mes intentions sont pacifiques. Observation. Ce n’est quand même pas tous les jours.
J’aurais peut-être dû éteindre la musique. Guitare fuzz, voix criarde, basse blues. Il y avait des moustiques. Des tonnes de moustiques qui entraient par la fenêtre. J’imagine au-dessus de l’étang, ces deux-là, plantés dans l’eau.
Elle et son petit se sont éloignés lentement. Pas sauvés. Non. Juste déplacés de quelques mètres. Si je savais lire sur leurs lèvres, j’imagine que j’y aurais vu une moue, un signe d’exaspération.
Aussi bien rentrer en ville, et laisser ces orignaux en paix.