Jolene et Leane, assises sur le balcon, à parler de l’avenir, à regarder la route, à regarder, parfois, passer les voitures. En été, il en passe parfois deux, et même jusqu’à trois par jour. Ces jours-là, il vaut mieux laisser Donald attaché. Le braque allemand déteste la chaîne. Mais les jours de grand trafic, a-t-on vraiment le choix?
Aujourd’hui, il n’est pas attaché. Il est seize heures, et pas une voiture n’est passée depuis hier, midi vingt.
Grondement habituel, vers l’est, derrière la colline. Jolene et Leane se taisent, Donald dresse les oreilles. Jolene dit qu’elle est bleue, Leane qu’elle est blanche. Chaque fois, elles jouent ainsi. Elles gagnent rarement.
La voiture est grise. Japonaise, plaque du Texas, conducteur suédois, passager mexicain.
Jolene claque des doigts. Cette voiture vient de lui inspirer un nouveau roman, aventure, philosophie, redéfinition des formes littéraires, mouvement dans l’espace, international, dans le temps, trois cent vingt-deux pages, sept chapitres, une centaine de personnages, quatre principaux, qui mourront les uns après les autres, jusqu’à ce que naisse la future héroïne. Leane approuve, elle a déjà hâte de le lire, elle en fera la promotion, en ligne, en librairie.
Demain, qui sait, elle écrira peut-être un autre roman. Ou après-demain. Ou la semaine prochaine.