Ce qui est un grand malheur

Le voyageur se noie dans le sentier inondé des sueurs de sa jeunesse. Rapidement, sa tête se flétrit, son corps ballotté est projeté dans le torrent, mutilé, dépiauté, attendri sur les rochers pour finir exposé dans le radieux petit matin de mai. Contre toute attente, il entonne un hymne barbare, s’adosse au tronc d’un arbre et gravit le talus pour se retrouver sur un promontoire d’où il peut contempler la foule des siens qui jouit dans un abîme de joie. Prêt à déposer contre l’humanité entière, il éprouve ses forces et s’élance, déterminé à sévir. Foudroyante ivresse, piété pestilentielle, absinthe glorieuse. Au centre d’une clairière, il s’affaisse de tout son long, en proie aux crampes intestinales les plus élastiques qui soient. Amère fin d’une crapule au zèle douteux. Les corbeaux ont mis deux jours à le vider de son contenu.

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