Quand la police épingle un vingtenaire accusé de fraude dans une autre région

Je croyais avoir tout vu, et même un peu plus. Pas vraiment. C’est ce qu’on dit pour marquer son étonnement, son grand étonnement. Voilà. Je marque mon grand étonnement.

Ce mardi matin, pour la première fois de ma vie, je suis entré au poste de police. Un voyou m’a volé mon portable, dans le parc, il l’a agrippé, me l’a arraché, il était beaucoup plus costaud que moi, et s’est enfui dans la rue où il y a ce charmant petit café où j’ai rencontré Élisabeth il y a de ça une vingtaine d’années.

Étonnement, donc, au poste de police. Je pousse la porte, je me dirige au guichet. Bonjour, je viens pour déclarer un vol, et tralala, le policier de faction me tend un formulaire, que je dois remplir moi-même. Il n’y aura pas d’enquête, le policier dépose le formulaire rempli sur une pile, à sa droite. J’allais partir, m’en retourner sans insister, quand je l’ai vu. Un type d’environ vingt-cinq ans, échevelé, épinglé au mur à gauche, derrière le comptoir où bâille le policier aux formulaires. Je n’avais jamais vu cela, je ne savais pas qu’on épinglait des gens, dans les postes de police.

Mais le jeune ne disait rien. Peut-être s’était-il plaint, avant que je n’arrive, peut-être était-il épinglé depuis des heures, et il se serait lassé.

Deux énormes, solides et jaunes, épingles, le retenaient bien solidement au mur. Elles étaient plantées dans sa veste de cuir, dont la fermeture éclair était remontée. Impossible donc de se libérer.

Comment ont-ils percé le cuir? Avec une perceuse électrique? Avec un marteau et un poinçon? Ils doivent s’y connaître, ils ont probablement l’habitude.

Je sais bien que dans les films, les policiers ne causent jamais avec les citoyens. Surtout pas en ce qui concerne leurs enquêtes, leurs interrogatoires, leurs méthodes. Pas de commentaire, c’est sous enquête. Mais je me suis tout de même risqué.

Mon policier aux formulaires bâillait tant, que ça lui ferait peut-être plaisir de me parler des œuvres de ses confrères. Pourquoi, je lui demande, l’avez-vous épinglé? Il lève les yeux sur moi, se redresse sur sa chaise, prêt à tout me raconter. Tout ce qu’il en savait.

Il me résume l’affaire ainsi, un homme de la région aurait prétendu être un postier pour frauder des gens d’une autre région. Grâce à une collaboration entre les policiers de la région et ceux de l’autre région, l’enquête a porté fruit, c’est-à-dire qu’elle a produit un accusé, qu’on a illico transporté au poste de police, où il a été épinglé.

Mais justement, pourquoi l’avoir épinglé? Le policier a roulé des yeux, m’a regardé comme si j’étais le dernier des demeurés. Je viens de vous l’expliquer, le pourquoi du comment!

À son air, j’ai compris que je n’en saurais pas plus. Si vous le savez, vous, pourquoi on épingle les accusés au poste de police, renseignez-moi.

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