Elle a amarré sa goélette au quai, juste en bas de la rue Du Port. Elle portait des tennis fushias, un jeans troué, un pull canari, un chapeau turquoise. Deux minutes après avoir mis le pied à terre, elle s’est précipitée pour acheter des jujubes.
C’est là que je l’ai rencontrée, chez la marchande de sucreries. Elle m’a pincé le bras, je lui ai chatouillé le mollet, et en sortant dans la rue, nous avons convenu de voler une banque.
Cela s’est fait plus vite que je ne l’aurais cru. J’ai adoré. Surtout que nous étions riches. Quelques millions, c’est bien suffisant.
Nous avons traversé le pays en train, et au bout des rails, nous avons poursuivi notre route à cheval. Comme nous avions un peu de temps devant nous, elle s’est présentée, Ariane, je me suis présentée, Ariane.
Depuis, nous vivons ici, tout près de la rivière, juste après la jonction où il y a ce grand sapin. Je ne puis toutefois pas être plus précise, puisqu’on nous cherche peut-être. Quelque chose me dit qu’on nous a oubliées, mais comment en être certaine?