La voisine du bout de la rue est fâchée, très très. Elle veut rouler à 180 dans les zones scolaires, mais on le lui empêche. Elle veut tirer du pistolet dans son jardin, même si chaque fois ça tue quelques enfants, quelques vieux aussi, mais encore là, on le lui interdit. Le voisin n’est pas mieux, mais comme il n’a pas encore appris à parler, qu’il est alourdi par un passé trouble, qu’il ne peut pas comprendre la distinction entre son ventre et le reflet de son ventre dans le miroir, il fait moins de bruit.
La voisine traîne le voisin dans les parades où elle se décoiffe, et tente de hurler plus fort que les cornes de brume. Sauf que plus elle crie, plus le brouillard s’épaissit, et plus le brouillard s’épaissit, plus les cornes sont bruyantes, comme chacun sait. Le voisin la suit, mais il n’y comprend rien. La physique brumeuse, ce n’est pas son fort, mais cela, il se garde bien de le dire, puisqu’il ne parle pas.
La voisine a rencontré, après des semaines d’efforts, de vrais amis. Des amis sur qui on peut compter. Des amis sincères. Ceux qui ne mangent que des pois verts marrons. Ils évitent les pois verts verts, parce qu’ils ne sont pas bons pour les reins, comme chacun sait. Ces amis aiment rouler à 180 dans les zones scolaires, et ils tirent du pistolet où et quand ça leur chante. Ils tirent aussi sur tous ceux qui, comme eux, ne mangent pas de pois verts marrons. De vrais libérateurs. Le voisin les regarde de loin, parce qu’il ne comprend pas comment un pois vert peut être marron, à moins d’être pourri. Et il a peur.
La voisine est heureuse d’avoir rencontré ces nouveaux sincères amis, parce qu’ils sont riches, et qu’ils reçoivent beaucoup d’argent des mangeurs de pois verts marrons de partout dans le monde. Alors, maintenant, tous les samedis, elle descend sur les grands boulevards, échevelée, et elle danse avec les mangeurs de pois verts marrons. Elle adore ça. Le voisin ne danse pas, parce qu’il ne sait pas danser.