JAI: Je t’ai raconté cette histoire que mon cousin m’a rapportée à son retour des États-Unis. Des États-Unis d’Amérique?
SAI: Comme s’il y en avait d’autres.
JAI: Mon cousin LAI a traversé les États-Unis d’Amérique, les USA, d’est en ouest, puis d’ouest en est. Il en a vu du pays! Il en a vécu des aventures!
SAI: Des aventures il y en a, même ici il y en a.
JAI: Mon cousin a fait monter un auto stoppeur, je ne ferais jamais ça, surtout aux États-Unis d’Amérique, qui lui a raconté que sa mère, née à Pittsburgh, avait connu une famille qui vivait dans une vieille Cutlass. Pendant deux ans, la famille a vécu dans cette voiture, tu te rends compte! Un père barbu, trente ans, une mère blonde, fatiguée, une fillette huit ans, qui protégeait son petit frère, six ans.
SAI: Contre quoi?
JAI: Contre quoi quoi?
SAI: Elle le protégeait contre quoi, son petit frère?
JAI: Contre ceux qui n’étaient pas gentils avec eux? Contre la peur? Contre les monstres des nuits à la belle étoile?
SAI: Demande à ton cousin.
JAI: Faudrait qu’il demande à l’auto stoppeur de demander à sa mère. Ils ont peut-être échangé leurs courriels. Ils sont peut-être encore en contact. Peut-être amis sur Facebook.
SAI: Qu’est-ce qu’il leur est arrivé, à cette famille?
JAI: Ils ont fini par disparaître. Mon cousin dit qu’ils sont partis en Californie, où ils ont trouvé du boulot. Les enfants ont pu aller à l’école. Ils sont peut-être au collège maintenant.
SAI: Ou pas. Ils pourraient très bien avoir abouti à Seattle, ou à Jacksonville.
JAI: C’est une histoire qui finit bien.
SAI: C’est une triste histoire.
JAI: On ne le saura jamais.
SAI: Même si on les connaissait, on n’aurait pas su. On n’apprend jamais que les grandes lignes, et on oublie à peu près tout. Tant qu’à raconter n’importe quoi, tu devrais inventer des histoires abracadabrantes. Au moins, on s’amuserait. Puisqu’on ne raconte jamais que des conneries, quoi qu’on raconte. Je dois te quitter, les boulettes sont cuites. Demain, tâche de me raconter une histoire avec un début, un drame, et une fin. Pathétique.
JAI: Bisou. À demain.