Celui en qui on a confiance

Car voilà que je n’étais plus seulement un étranger au milieu d’une nouvelle société, je devenais étranger à moi-même. Est-ce que je jouais? Était-ce un mensonge? Pas question de me laisser piéger dans cette spirale sibylline. Quelqu’un en qui on peut avoir confiance, ce qu’elle a dit, oui, je suis une personne en qui on peut avoir confiance, et c’est pourquoi… Qu’est-ce que ce charabia? Et avant, avant elle, étais-je une personne en qui on avait confiance? Est-ce que Sébastien avait confiance en moi après l’histoire du sapin? Ces mots d’une fille énigmatique, de cette Florence surgie du néant. Confiance? Au moment où j’allais lui tâter la main, l’inviter chez moi, elle me gardait à distance, moi qui me figurais que nous aplanissions les murs, que nous courions l’un vers l’autre, voilà que j’étais quelqu’un qui pouvait tranquillement déambuler sur la rue et se dire, moi, ce qui me caractérise, c’est que je suis quelqu’un en qui on peut avoir confiance. Je m’en balançais, sauf que partir était au-dessus de mes forces. J’aurais dû lui demander d’élaborer, mais pourquoi, pourquoi, j’aurais dû douter un peu, au moins m’étonner plutôt que d’avaler, comme si cela allait de soi, comme si je décodais, comme si cela était aussi évident que dire tu as deux bras, mais comment recevoir de ces phrases aussi obscures que si elles étaient prononcées dans une autre langue, qui signifiaient peut-être quelque chose comme tu es un panier convenable dans lequel je peux empiler à volonté ma salade, ou plutôt, quelque chose de mieux qu’un panier, un plat creux en acier inoxydable, parfaitement étanche, froid, un déversoir commode et libre. Non merci. Pourquoi suis-je resté?

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