LÉO: Que fais-tu là? Tu es tout rouge, on dirait que tu vas t’étouffer.
YAN: Je hurle! Tu ne m’entends pas? Je hurle! Je me suis empalé sur un piquet de clôture en revenant du champ. Je saigne, je sens la mort qui me chatouille les couilles.
LÉO: Ne te fatigue pas. Personne ne t’entend, et ma foi, tu as l’air idiot.
YAN: Mais vous, et les autres, quand ils hurlent, on les entend! Moi je les entends!
LÉO: Tu es bien le seul! Ah! Ah! Ah! Il y en a qui te prêtent l’oreille quand tu leur remets quelques lingots d’or. À part ça, je ne vois pas, vraiment pas.
YAN: Je suis fauché. Va-t-on laisser tout ce sang se répandre?
LÉO: T’en fais pas, les pompiers viendront, ils laveront la place en moins de trente secondes. Quand t’en auras fini. En as-tu encore pour longtemps?
YAN: Difficile à dire. À voir le flot et ma pâleur, je dirais dix minutes, peut-être moins. Comment savoir.
LÉO: En tout cas, merci! Tu es vraiment mignon. Ta naïveté fait sourire, et le sourire, n’est-ce pas, c’est ce qui égaie la vie!